Hollandaises, Hollandais...

Publié le par Michel David

J'avais bien raison de détester la campagne.

Ou plutôt de n'aimer que la ville, où, même si l'on vit seul, on est entouré. Où on peut parler furtivement -ou pas - à des inconnus dans la rue - et qui nous resteront inconnus. Où on peut prendre le métro, constater que les gens lisent, journaux ou livres ( et souvent des romans qui ne cadrent pas avec cette réputation insultante de l'anonymat: "les gens"), voir que tout le monde se fréquente sans animosité, bien que souvent compressé comme des sardines en boîte.

Bien sûr, ce n'est pas un monde idéal; on voit aussi des zonards; on pressent souvent une violence latente. mais c'est une société qui bouge, qui vit, à mille lieues des stéréotypes de l'image médiatique, qui ne retient que le fait divers et la peur qu'il engendrerait.

Les analystes politiques viennent de démontrer (?) ce que l'on savait déjà. Les gens repliés sur eux-mêmes vivent à la campagne, où, c'est vrai, il n'y a plus beaucoup de services publics, repliés sur leur petite maison,leur petit jardin, leur petite rue, le petit café du coin où l'on voit les mêmes petits voisins et où l'on discute du même petit fait divers lointain vu à la petite télé.

Je ne crois pas - et n'ai jamais cru - que le pétainisme / lepénisme ait un réel avenir au delà de la protestation. Seule exception possible ( Pétain justement), celle d'une guerre. Et les guerres se "déclarent" quand le capitalisme ne sait plus lui -même se sortir de ses contradictions; la guerre, c'est remettre les compteurs à zéro - géographique, historique, politique, sociologique, économique.

Elle n'est évidemment pas impossible, mais pas non plus prévisible dans le temps et l'espace.
Sarkozy ne fait plus rêver ( l'a t il fait??), Hollande ne fait pas rêver.

Et Hollande devra gérer l'insupportable contradiction française. Ce peuple qui croit, au plus profond de lui-même,qu'il a fait la seule révolution qui vaille, que la seule attitude possible dans la vie est le refus ( même si, bien sûr, dans la vie quotidienne, on s'accomode très bien du refus du refus!).
Le mélanchonisme démagogique fait autant rêver que le lepénisme. Et tout le monde sait bien que la révolution n'est pas là.

Et, pour autant, ce peuple refuse la réforme.
Que demande le "petit peuple" dans sa petite campagne?

D'être protégé. Protégé de tout, à l'ombre de son clocher. Il y a 36 000 clochers en France, 8 000 dans tous les grands pays européens voisins. Il y a une myriade de fonctionnaires qui ne sont pas du tout de "terrain", mais qui sont là pour contrôler ce que d'autres fonctionnaires font. L'irrresponsabilisation domine, d'où cette administration kafkaïenne, et donc absente. Absente de là où il faudrait être.

Mais "tout le monde" nie cette réalité, ou ne veut pas la voir. Quand j'étais directeur de la culture en Franche Comté, il y avait, à la préfecture, 80 agents ( et c'est une des plus petites régions) chargés de contrôler, de manière parfaitement inefficace, les collectivités. A quoi sert un préfet, sinon à donner l'ordre de ci de là de briser une grève?

Mais qui veut réformer celà? Hollande? Parions que sa future loi  de décentralisation complexifiera encore plus le mille-feuilles français. Et qui dit mille-feuilles dit effectivement que, plus on est bas dans l'échelle sociale, plus on est victime.

 

Bref, je n'aime pas la campagne. Mais je n'aime pas non plus la Hollande (les coffee shops, je m'en fous, les canaux aussi). Enfin, si, j'aime bien bien la campagne quand je la traverse du TGV. Je regarde toujours ému du TGV Sud est l'abbaye de Cluny ( nos racines chrétiennes....).

Et je ne me vois pas, si la nécessité s'en faisait sentir, m'installer à Ferney, pour passer la frontière au bon moment.

Depuis que je vis seul, j'avais envisagé d'aller loin: chacun ses rêves!

Pondichéry, avec ses rues françaises et ses quatre vaches? Hanoï, ou toute ville du Sud est asiatique, où la religion n'est pas pesante? Budapest ou Lisbonne, mes villes aimées? Ou Strasbourg?

Comme ça, si Hollande m'emmerde trop, je demande l'asile politique en Allemagne, comme j'avais envisagé de le faire quand je ne voulais surtout pas faire la guerre d'Algérie!

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