Shitland

Je poursuis ma vindicte anti-verte. D'ailleurs, c'est une couleur que je n'ai jamais aimé.

Le samedi matin, je fais mes courses pour la semaine. Je vais acheter le pain et la confiture à Canal bio, un magasin bio ouvert depuis longtemps quai de Loire. J'y vais parce que j'aime beaucoup les grands pains complets et la confiture, surtout à la myrtille. Je n'y vais pas spécialement parce qu'il est bio et il ne me viendrait pas à l'idée d'y aller s'il n'était proche.

Comme mes horaires du samedi matin sont assez fixes, - c'est mon côté routinier- j'y rencontre des habitués, dont je vois bien que ce sont des fervents verts ( faut il mettre une majuscule?)  qui ne se nourrissent que là. Le magasin regorge de conseils pratiques et de papiers de témoignages des bienfaits de tel ou tel produit et des méfaits, notamment du nucléaire. Je ne regarde pas.

Hier matin, je fais la queue au pain. Un père avec son enfant en bas âge. Celui-ci, sans contrôle, prend à lui seul plus d'espace que 5 à 6 personnes, manque d'écrabouiller des oeufs, de descendre un étalage. Derrière moi, une femme rit de cette vigueur enfantine ( moi, l'attitude de son père m'atterre - même si je ne le lui dirai pas) et se lance dans un discours mystique où, dans le charabia, je comprends le mot karma et que cet enfant est indigo ( c'est-à-dire que je ne comprends rien du tout et que j'ai hâte d'être livré de mon pain pour être délivrée de cette harpie). Le père ( je dois le reconnaître, légèrement inquiet du discours de la dame) et l'enfant partent; les jeunes femmes préposées au pain me font attendre quelques secondes de trop et la harpie ( h aspiré?) inspirée me hèle: "c'est à vous". Oui, je le sais bien, mais je ne vois pas pourquoi les relations sociales devraient faire que je considère les serveuses comme à mon service immédiat.

Je suis frappé du comportement agressif des clients. Moi qui ne me fâche jamais dans ce genre de situations, même si elles m'ennuient, je trouve très significatif de la part de verts ( je mets une minuscule, définitivement) ce comportement de patrons ( ce magasin est à moi). Quelle vulgarité!

Il y a 15 jours, je dénonçais les verts qui sont des politiciens comme les autres; leurs électeurs sont aussi comme les autres.

Et ils sont manipulateurs comme les autres. J'adore ce qui vient de se passer sur le gaz de schiste. Alors qu'il y a quelques mois, sous le coup de l'émotion -  puisque ce monde va d'émotion en émotion - une commission avait été créée, pour analyser risques et dangers, peut-être pour enterrer le problème, le gaz de schiste, nouveau Fukushima, devient une affaire nationale qu'il faut arrêter toutes affaires cessantes. Je croyais avoir lu que les demandeurs de permis ne sont même pas sûrs qu'il y ait du gaz de schiste dans les Cévennes. Mais le principe de précaution (celui de ne rien faire) autorise tout désormais. Unanimité des élus, lâches comme d'habitude - c'est leur première nature.

Pourquoi cet affolement? Parce qu'un film "Gasland" a "démontré" combien ces pauvres Américains sont traumatisés par ce gaz, si polluant, si malfaisant.

Remarquons que très peu de gens ont vu "Gasland", et moi le premier. J'imagine que, comme tous les documentaires à la Michaël Moore ( ou en France les reportages de Marie Monique Robin qui nous apprend combien nos assiettes sont remplies de poisons - comment ne sommes nous pas tous déjà morts?- très beau succès d'audience d'ARTE -tous les espoirs de renouveau de la création sont permis), "Gasland" est une longue dénonciation des méfaits du gaz de schiste.
Quelques petites innocentes questions: le tout, le complexe, le scientifique disparaît devant la partie. En l'occurrence, tout le monde a vu jusqu'à plus soif cette séquence de quelques secondes où un homme ouvre son robinet d'eau qui s'enflamme "naturellement". 5 à 6 secondes suffisent à une démonstration sur l'horreur des gaz de schiste.

Est-ce qu'il ne faut pas être complètement crétin pour ne pas savoir que chaque source d'énergie a ses inconvénients, ses drames ( pétrole, charbon - et nucléaire!)? Est ce que le solaire ou les bio carburants - rien que le mot me fait peur- sont innocents? ( et je ne parle pas de la rationalité économique).

Est-ce que la peur doit dominer? Est-ce qu'un nouveau fascisme, l'obscurantisme du discours politico-médiatique opposé au discours scientifique, n'est pas en train de naître?

En tous cas, en France, désormais on n'a ni pétrole, ni idées.