Populismes (4)

Publié le par Michel David

Je crois déjà avoir beaucoup exploré ce chemin qui n'est pas pour moi de traverse, mais essentiel parce que constitutif d'une société évoluée: comment vivre ensemble sans tomber dans le travers de se dire que son seul intérêt prédomine?

J'ai déjà lourdement insisté sur les effets pervers de la télé, instrument de flux, où chacun se conforme au rôle que l'on attend de lui. C'est particulièrment vrai dans l'exercice du micro trottoir, où seules les réponses les plus convenues - celles qui contiennent le moins de mots, le moins de pensée - sont retenues.

J'entends hier un croquignolet reportage sur le cheval à la place du boeuf. Une mère ( évidemment - je devrais dire une maman) s'indigne (évidemment) du fait que son enfant ( son - sa chose) ait pu manger à la cantine ( l'enfant est donc socialisé, quelle horreur) du steack de cheval. Désormais, elle va lui préparer des bons sandwiches elle -même ( avec de la viande de quoi? dont elle est sûre que la traçabilité est parfaite?).

Alors que Olivier Duhamel sur Europe 1 essaie de dire que, finalement, la traçabilité du "scandale" a été très rapide, Rama Yade, icône journalistique, s'indigne - plus on est grande gueule , belle, parlant "bien" ( tout est dans le bien), et d'une minorité en plus, plus on a de chances pour les journalistes qui oublient curieusement de faire leur travail de journaliste enquêteur sur les côtés sombres de leurs icônes ( Oscar Pistorius - dernier en date ).

La phrase la plus stupide - et une des plus entendues - est "Plus jamais ça".

Plus jamais ça: mais si cet épisode chevalin était vu comme une des conséquences de la mondialisation capitaliste? Si c'était analysé comme un effet, et en se posant la question du risque à côté du bénéfice ( par exemple le prix bas - revendication constante désormais inoculée par les chantres du capitalisme, les plus dangereux étant les capitalistes "sociaux" comme les hurlants Leclerc qui font le bien (encore) du consommateur ( qu'est ce que c'est qu'un consommateur? un sac à viande de cheval?).

On est désormais arrivé dans la caricature, et chacun doit se conformer à la caricature qui est tracée de lui. Le Pen, borgne,  est évidemment un âne bâté nostalgique de l'Algérie française, Hollande, qui reste un "homme normal", est donc anormal pour les chantres de la pensée unique ( qui préfèrent donc Le Pen à Hollande). Etc..etc...

Berlusconi, avec ses éternels retours, est l'exemple parfait de ce populisme là. Tout ce qui est de son immense vulgarité - et il sait pertinemment qu'il faut en faire des tonnes, d'où son immense villa en Sardaigne de riche minable sans goût, d'où les demi sels qui la fréquentent, d'où les putes, d'où le lifting , etc...- relève de la caricature de l'Italien. Le Pen a sa baguette et son béret, Berlusconi a ce côté charmeur et inconséquent qu'auraient les Italiens.
Evidemment, tout celà n'a aucun sens, sinon celui de ce conformer à un code canon ( comme celui de l'Eglise) normé par les élites à partir de côtés qui tiennent à la culture populaire de chacun de ces pays dont on force le trait.

Et chacun en rajoute dans le conformisme, du Jobbik hongrois aux populistes flamands.

Berlusconi est évidemment aussi intéressant comme objet d'analyse, dans la mesure où son pouvoir médiatique ( c'est à dire le fait qu'il soit, et cette fois au sens le plus littéralement capitalistique, propriétaire d'une large partie de l'italie)  devrait lui assurer la totalité des pouvoirs. Et, s'il dispose incontestablement d'un pouvoir de nuisance, il n'arrivera jamais complètement à ses fins. Pas plus que Marine Le Pen, plus moderne que son père.

Voilà bien le blocage dans lequel mène le populisme. Il est pouvoir de nuisance; c'est considérable, mais ce n'est que ça. Ce n'est ni force de proposition, ni, encore moins évidemment, force de révolte, ( attention, ça ne veut pas dire que toute révolte est révolutionnaire) et, encore moins de révolution.

L'avenir est donc tout tracé.

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